Si un être humain, tombé dans le coma au XVème siècle, se réveillait au XXIème siècle, il aurait probablement un choc psychologique majeur au regard des évolutions techniques accomplies, vertigineuses, dignes d’une race de demi-dieu pour le moins. En matière de méthodes d’enseignement et d’apprentissage, il n’est en revanche pas certain que notre « hibernatus » en soit subjugué. Tout au plus, pourrait-il détecter l’émergence d’un sujet apprenant.

Bien évidemment il constaterait ces « nouvelles approches à la mode » tel que l’incontournable support PPT, rendant les cours plus « originaux » et plus attractifs; cependant la problématique de l’apprentissage aura été déplacée mais en aucun cas traitée.

Par exemple, la question de la répétition se pose donc comme centrale, essentielle : symptomatique autant que paradigmatique.

Or comme nous le disions en introduction, force est de constater que depuis la « re-découverte » de l’Amérique, nous en sommes restés à la répétition ad nauseum comme unique panacée de l’apprentissage et c’est tout le paradoxe; si une certaine répétition est nécessaire à nombreux d’entre nous, de quelle répétition parlons-nous ? Quelle émotion, quelle sensation y injecter ? Alain Berthoz a bien défini l’émotion/sensation comme une composante majeure des gestes d’apprentissage.

La question se pose donc en définitive de manière différente : comment « répéter » sans « se baigner deux fois dans le même fleuve ». La réponse appropriée est « évidente » : faire de la « répétition » non une répétition mais un chemin, que l’on parcourra autant de fois que nécessaire en s’en imprégnant à chaque fois plus, en vivant à chaque fois des émotions différentes.

Il en est de même d’autres notions tout aussi importantes. Il est en effet étonnant de s’apercevoir que lorsque l’on touche au thème de l’apprentissage, force est de constater que les notions de mémorisation, de savoir, de connaissance, d’apprentissage, de compréhension, sont encore quasi-systématiquement utilisées de manière non différentiées et très approximatives. Ces notions, pourtant fondamentales, sont encore « flottantes » pour ainsi dire, dans la société civile mais également jusque chez nombre de professionnels du sujet (professeurs, coachs, formateurs et consultants).